Diplômée d’un master avec grande distinction dans l’option “Art dans l’espace Public” en 2015 et riche d’une formation et d’une expérience significative en art vivant, je choisis aujourd’hui pour décrire mon travail, les termes d’artiste plasticienne et performeuse. Mes inspirations sont in-situ (ou l’inverse), définitivement en lien avec les territoires, les lieux et ce qui s’y vit, et son tournée vers la construction d’un objet artistique à la fois plastique et performé, dans lequel le mouvement corporel et la physicalité sont acte de performance plastique.

J’ai commencé mon parcours artistique à Montpellier, et à Toulouse dans deux écoles de cirque, en tant que trapéziste et jeux clownesques. Ensuite, je me suis re-dirigé en me formant à la danse contemporaine, ou j’ai travaillé principalement sur mon propre langage physique dans des créations en tant qu'interprète pour différents chorégraphes et metteurs en scène (Pascal Rambert, Ulrich Funck, Karin Vinck, Jean Marc Heim, Gertjan van Gennip...). Suite à la rencontre décisive de la Chorégraphe américaine Lisa Nelson, je collabore de 2010 à 2014 dans le groupe tuning band de Bruxelles, basé sur l’écriture improvisé, et depuis 2007 je mène mon propre travail de création : Marie / qui suis-je puisque l’ange en collaboration avec le guitariste Cédric Castus (2011/2014), ICI en collaboration avec la danseuse Ikue Nakagawa (2009/2011), A banana is a banana en collaboration avec le performeur Gertjan van Gennip (2006/2008).

La nécessité de me former en arts plastiques m’a parue évidente à un moment charnière de mon parcours. Mes expériences avec la scène me paraissaient limitées. Je voulais plus, être active différemment.
Aujourd’hui, j’allie le mouvement à une immersion dans la durée dans un territoire donné. C’est la trame de base de mon processus créatif. Plus tard cette immersion que les anthropologues pourraient nommer « Observation participante » emmène l’espace urbain, et les publics rencontrer vers une finalité de rituel performé. Une forme de rendu final de ce travail qui se veut réparateur. Je m’interresse en particulier à l’espace urbain et comment amener la ville et un peu de son histoire dans un espace neutre pour y interagir dans un dialogue en éternel construction et reconstruction.
Les notions de durée, d’investissement de l’espace public comme source d’inspiration par récolte de matière (portant une origine, un contexte social), d’ouverture à l’Autre au présent, à l’accident sont des mots clés d’un état d’esprit et d’une attitude de travail.

LE PROCESSUS

J’attache une grande importance au processus en lui même, à la notion de mouvement et de dynamisme que j’y mets. Je suis une personne énergique, pour qui la notion d’action et de faire est directement liée à la notion d’acte créatif.

Petit paradoxe qui fait ma singularité : je veux dire beaucoup et en même temps rester ouverte et me taire, laisser la place à l’interprétation, ne pas diriger. C’est cette alternance du dire, du faire et du silence que l’on retrouve dans mon travail plastique. Processus de création, durée, rencontres, récoltes, collections.
Je veux également laisser ce processus de création ouvert et malléable au gré des rencontres. Le fil conducteur, c’est ma curiosité, mon questionnement et un certain rapport au pouvoir, à la politique, au monde qui m’entoure. La réflexion est vaste et mes observations sont autant de récolte de matière et de témoignages à faire et à penser. En interaction, en moi, à l’espace urbain avec mes interlocuteurs locaux ou autres.

Tout au long de mon parcours, j’ai acquis une expérience liée à la pluridisciplinarité, Je cherche à ouvrir des dimensions autres que dans la tradition classique des disciplines.
Comme dit Pascal Roggero (professeur de sociologie, à l’Université de Toulouse) :
- « la complexité nous enjoint de bricoler pas seulement dans les disciplines mais aussi entre
les disciplines. A trop réifier les points de vue disciplinaires on en vient à oublier que le monde n’est pas disciplinaire mais global, systémique et complexe. Qu’il faille bricoler longtemps pour en produire une intelligibilité minimale cela ne fait, à mes yeux, aucun doute mais n’est-ce pas,aujourd’hui, une “ardente nécessité’’ ? ».

Pour ma part la véritable audace, aujourd’hui, c’est de se déplacer, de passer à d’autres formes possible. J’ai quitté le monde de la danse et les performances uniquement dansées car il me manquait une dimension plus directe avec l’acte de créer. Aujourd’hui, je continue d’utiliser mes compétences de performeuse physique aux service d’actes plastiques.